Le parcours de l’adoption est marqué par de nombreux temps d’attente. Ils prennent place entre l’obtention de l’agrément et l’arrivée de l’enfant, ou le renoncement au projet d’adoption. Cette attente renvoie à une perception du temps qui est différente du temps habituel, car elle s’étend sur une période exceptionnellement longue (5 à 10 ans) ; de plus, chacun ne place pas l’attente à la même étape du processus d’adoption : entre l’agrément et l’acceptation par un OAA ou l’AFA, avant l’apparentement ou entre l’apparentement et l’arrivée de l’enfant au foyer voire son adoption juridique.
Souvent, nous nous pensons impuissant pendant cette période car la poursuite du processus ne dépend pas de nous : être accepté par un OAA ou l’AFA, être apparenté, obtenir le visa de sortie de l’enfant.
Chacun d’entre nous vit différemment ces arrêts entre deux étapes du processus : pour les uns, c’est normal, car c’est chacun son tour, c’est l’espoir voire l’anticipation de l’étape suivante ; pour d’autres, c’est l’incertitude, la résignation ou même l’éloignement de la concrétisation du rêve.
Pour éviter de subir cette attente, il importe de rester actif. Après le temps de l’agrément, centré sur nous (qui sommes-nous pour la psychologue et comment sommes-nous pour l’assistante sociale), les temps suivants sont les moments privilégiés pour finir de construire son projet parental, en confrontant l’imaginaire (l’enfant rêvé) à la réalité. EFA est alors une aide précieuse.
Nous pouvons donc prendre le temps de nous demander :
- Qu’est-ce qu’un enfant de moins de trois ans ou de plus de cinq ans, suivant son projet. Quelles compétences a-t-il, où en est-il de son développement psychologique, … ? Observer ou garder des enfants, lire sur le sujet apporteront des éléments de réponses.
- Quelle organisation de notre vie pouvons-nous (voulons-nous) réellement mettre en œuvre pour nous rendre disponible pour notre enfant ? Réfléchissons alors à l’organisation de la journée, du week-end, des vacances, de la maison mais aussi à la disponibilité professionnelle, familiale et sociale dont nous pourrons vraiment disposer.
- Qu’est-ce que la parentalité adoptive ? Il est alors indispensable de rencontrer des parents adoptants et de discuter de leur vécu avec l’enfant.
- Comment surmonter nos propres séquelles laissées en nous par le processus adoptif (les questions toujours plus invasives, la perte de confiance en soi) avant d’aborder les séquelles de l’enfant.
En effet, il ne faut pas oublier qu’à notre attente répond symétriquement celle de l’enfant. Mais la nôtre est consciente et voulue alors que celle de l’enfant est involontaire et le plus souvent inconsciente. Ainsi, à chaque fois qu’attendre nous semble insupportable, pensons à l’enfant dont c’est le développement même qui est perturbé par cette attente.
T.C., d’après une formation à la Fédération